Michel Lecorre

Michel LECORRE est né à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis en 1971. Il est issu d’une famille ouvrière, française et illettrée. Comprenant son intérêt pour les livres, particulièrement ceux sur les grands espaces naturelles ou la science-fiction, il est poussé par sa mère, ses grands-parents maternels, certaines de ses tantes à lire. Ce qui permet à l’enfant d’échapper aux tensions, dont il n’est que le spectateur, parfois très violentes, du cadre familial et scolaire, mais qui le marqueront à vie.

Dès 13 ans, il fait très régulièrement « le bleu » au collège, à cause des brimades qu’il y subies, et préfère passer ses journées à la cinémathèque de Paris, au jardin des plantes ou dans les musées d’arts et de sciences. Dans son adolescence, il voue un culte aux livres de Jack London, d’André Gide, au cinéma italien et américain, au théâtre qu’il pratiquera avec une grande ferveur en anglais au lycée Paul Eluard de Saint-Denis, puis au Théâtre Ecole de Montreuil.

A 21 ans, il reprend des études, acquiert un raisonnement scientifique à travers la chimie et obtiendra un baccalauréat technologique par la Validation des Acquis de l’Expérience.

Il prend conscience du puissant sentiment érotique et du goût à l’effort que provoque en lui, depuis sa petite enfance, la boxe. A 24 ans, il se décide à la pratiquer. Il deviendra compétiteur, gagnera des combats. La pratique de la boxe thaïlandaise sera le déclenchement de son œuvre littéraire. Plus tard, cette introspection dans le monde du pugilat le ramènera vers son rêve d’enfance : les grands espaces naturels, particulièrement ceux du nord de l’Amérique. La tendresse et la violence dans la relation amoureuse, la transmission intergénérationnelle, la quête de l’amitié, les rituels initiatiques pour passer de l’enfance à l’âge adulte, s’imposent à lui. Alors, ses romans prennent naturellement une ascendance vers le genre littéraire dit du « nature writing », mais sans chercher à imiter le style américain.

Michel Lecorre travaille à l’université Pierre et Marie Curie de Paris, à la faculté de médecine, où il pilote le laboratoire de simulation médicale. Il anime régulièrement des ateliers d’écriture en médiathèque et en milieu scolaire.

http://www.michel-lecorre.fr/

La bataille des mouches à feu



Avec ce deuxième roman, Michel Lecorre a écrit une oeuvre magnifique qui ne se calque sur aucune autre, ne rentre pas dans un genre particulier, se situe sur son propre terrain d’influence : l’aventure, la découverte de l’autre, la présence de l’intime.

L’auteur nous livre une histoire à la fois extraordinaire, par les mouvements de rencontre entre les personnages, puis par la fascination du jeune Ben pour une nature grandiose qui se prêtera à sa découverte de la chasse et plus particulièrement du piégeage. Roman métaphysique qui retranscrit, au sein des grands espaces sauvages, toute la vie intérieure du héros aux prises en parallèle avec sa passion pour la boxe thaï et ses questionnements autour de sa virilité.

Les scènes de désir sont magnifiques. Jamais cela n'a été exprimé avec à la fois autant de tendresse et de violence en littérature. Sur les pas de James Baldwin, l'auteur explose le vieil idéal américain paralysant, celui d'un modèle simpliste d'une masculinité symbolisée par le cowboy et l'indien, le bon et le méchant, le Blanc et le Noir, le viril et le pédé.

Benoît, jeune Franco-Américain, se voit donc confronté au monde, à travers la nature et son initiation au piégeage avec des compagnons qui revêtent tous leur importance. Autre sujet qui va de pair avec les lieux, celui de la quête d’amour du père lui-même en proie à un secret lié au drame de la perte d’un premier fils. Une nouvelle séquence rapprochera Benoît de son père : la mort de ce dernier, en tant que policier, tout près de son fils lors d’une fusillade comme seuls en connaissent les États-Unis.

Oeuvre magistrale qui décrit une Amérique aux prises avec ses démons. Benoît se rendra aussi au Québec et reviendra un moment en France pour chasser, aimer, découvrir en lui ce qu’il a de plus fort. On pourrait parler ici d’une oeuvre complexe au sens philosophique puisqu’elle met en jeu des faits, des sentiments, des émotions qui tout en étant opposés se complètent pour créer du sens en nous.

Un roman d’intensité, de profondeur et de sublimation...

Illustrations intérieures : Oswald BIONNE

ISBN 978-2-37355-152-5   18 €