Louis Delorme
Présent au Salon du livre à Dourdan
les 18 et 19 novembre 2017
Le site du brontosaure
Le site se veut une sorte d’initiation, de parcours initiatique même, à travers l’œuvre de Louis Delorme, qui se poursuit maintenant depuis plus de soixante ans, qui a rencontré du succès auprès des lecteurs qu’elle a pu fidéliser, et surtout auprès des enfants, puisque plus de cent écoles, de par le monde, (De Los Angeles à la Nouvelle Calédonie, en passant par la Guadeloupe, la Guinée, le Maroc, la Belgique et en quadrillant toute la métropole), ont correspondu avec l’auteur, lui ont envoyé poèmes et dessins en contrepoint de ce qu’ils avaient pu découvrir dans ses écrits. Et cela sans trouver un éditeur (sauf ceux des anthologies scolaires) qui veuille s’y intéresser.
Pourquoi Brontosaure ? (lézard-tonnerre car ses découvreurs ont pensé qu’en se déplaçant, il devait faire grand bruit) Parce que c’est le nom que Delorme a donné à la modeste édition qui lui a permis d’éditer ses livres. Au pied du suc, parce qu’il est originaire de ce pays des volcans du Velay qu’on désigne sous le nom de sucs, alors que ceux du nord de l’Auvergne sont appelés des puys.
Bienvenue à toutes et à tous dans cette littérature marginale qui ne compte que sur vous, Internautes, pour se propager.
A côté du volet littéraire vous découvrirez le côté arts plastiques.
http://brontosaure.wixsite.com/aupieddusuc
QUOI D'AUTRE ENCORE ?
de Louis Delorme
Éd. Sajat, Paris, 2017
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Poésie libre ou alexandrin ? Avec son aisance coutumière, Louis Delorme se joue de la diatribe. Les deux, mon Capitaine ! Dès lors que l'encre de la vie se croit indélébile, la voilà qui nous livre en miroirs quelques espiègleries tantôt modernes, tantôt classiques, comme si sa plume avait une existence propre, qui se joue des contraintes et du temps qui passe.
Contrairement à ce que l'auteur prétend en s'excusant de son addiction à l'écriture dans son Avant-propos, la cohérence de son œuvre nous semble tout à fait grande, même si sa ligne droite a épousé, au cours des décennies, l'arrondi d'une existence tellement riche en créations diverses qu'elle nous laisse pantois. Il est vrai que certains thèmes reviennent : l'amour indélébile (mais est-ce si démodé que cela ?), la camarde qui aiguise sa faux (laquelle doit être bien usée, à force de polissage !), des espoirs déçus (mais qui lit des revues contemporaines de poésie rencontre souvent les ombres jaillissantes d'un jeune loup nommé Louis Delorme...)
Mystères du poète : sa plume le porte, elle va au-devant de lui, souffle sur les braises, se cabre et se rebelle, caracole dans l'océan des heures. Comme le pinceau de l'artiste, elle n'est pas seulement outil au service d'une volonté cartésienne, mais elle est elle-même pensée (subconsciente, diront certains), main créatrice précédant l'acte volontaire. Intrication subtile entre l'inspiration et la volonté du dire.
Avec tous ces corbeaux dont j'entends le vacarme sur une toile de van Gogh, voici l'écrivain aux aguets. En osmose intuitive avec les glacis du peintre, notre poète n'est-t-il chasseur d'imaginaire mais aussi écorché en quête de soleil ? Plus loin, vivifié par l'art et irrigué par quelque révolte juvénile, le voilà qui montre ses crocs face à la barbarie de ceux qu'une Espagne meurtrie a accueillis sur ses terres (il en va certainement de même pour tout pays blessé par l'innommable djihad). Ils ne passeront pas. Saine levée d'un no pasarán ! Dans un autre registre, le poète s'insurge contre des pratiques criminelles telles l'infibulation et des coutumes iniques d'un autre âge : le "jeune" loup s'est fait lion des savanes.
Au-delà d'un viatique / vers la beauté / vers moins de solitude, la poésie n'est-elle une démarche vers plus de liberté ? Bienveillante certes, porteuse de fééries, sans doute, elle est aussi faculté d'indignation face à l'abject, face à l'immonde en ce gouffre de l'horreur que nous tentons d'enjamber. Prise de conscience au tréfonds d'une forêt de Brocéliande, contre l'avance obscure de forces autodestructrices. Comme si les rais lumineux des clairières et ceux de l'esprit valaient bien de tenter / une nouvelle et dernière aventure.
Ainsi, du fond de sa caverne enchantée, mais aussi sur nos routes et macadams, Delorme émet son plain-chant, crie parfois contre l'injustice, l'angoisse. Edvard Munch n'est pas loin. Quoi d'autre ? Oyez, bonnes gens, le jeune loup de quatre-vingt ans hurle encore...
Claude Luezior
www.claudeluezior.weebly.com